Deux mois après son licenciement à Charleroi, Sandro Salamone répond aux questions cash : “Felice Mazzù aurait aussi sauvé le club en playdowns”
Sandro Salamone, l’ancien analyste vidéo de Charleroi et bras droit de Felice Mazzù, répond aux questions cash.
- Publié le 26-04-2024 à 09h06
En deux mois, tout a changé à Charleroi. En pleine saison cauchemardesque, tout a été balayé. Sur le banc, il ne reste que trois survivants dans le staff technique : Rudi Cossey, Frank Defays et Cédric Berthelin. Personne n’aurait imaginé en début d’exercice que Felice Mazzù ne soit plus sur le banc mais on avait senti le couperet se rapprocher lorsque Sandro Salamone, l’analyste vidéo et son bras droit, fut limogé à la mi-février.
”J’ai digéré le fait que la page Charleroi se soit tournée, confie le principal intéressé. J’ai un affect différent de Felice par rapport au club. C’était un employeur pour qui j’ai tout donné mais je ne suis pas un Carolo dans le sens où je ne suis pas né là-bas et ce n’est pas ma région de cœur, contrairement à Felice.”
À l’heure où le Sporting peut valider définitivement son maintien en cas de victoire à Eupen ce vendredi, Sandro Salamone a décidé de répondre avec franchise aux questions cash, sur son licenciement et la cuvée galère des Zèbres, qui permettent de mieux comprendre la situation.
1. Vous avez été limogé car vous preniez trop de place dans le staff
”Visiblement oui et je ne l’ai pas forcément compris mais ce n’est pas grave. J’ai réalisé le maximum afin que Felice puisse se focaliser sur l’aspect football plutôt qu’il se disperse dans la gestion des petits conflits du vestiaire. À mon arrivée en novembre 2022, on m’a demandé d’être un soutien auprès du coach et c’est ce que j’ai fait. Au final, le motif de mon licenciement n’est pas très important car la conséquence reste la même.”
Comment apprenez-vous votre C4 ?
”Je l’apprends par téléphone le lundi en début d’après-midi après le match face à Anderlecht. Je m’attendais à ce que si l’entraîneur soit dehors, je le sois aussi mais je ne pensais pas que je serais le seul à être viré. D’autant plus que dans mon domaine de compétence, les phases arrêtées offensives, on était l’une des meilleures équipes du championnat.” (NdlR : au moment du licenciement de Salamone, Charleroi avait marqué 36 % de ses buts sur coups de pied arrêtés pour être l’équipe la plus prolifique du championnat dans ce domaine).
Suite à cette décision, Mazzù s’est-il senti fragilisé ?
”Quand il a appris la nouvelle, il n’était pas bien. Lors de la conférence de presse suivante, il a fait comprendre qu’il devait respecter la décision de son employeur mais qu’il n’était pas d’accord. En privé, il m’a soutenu. Il n’y a pas meilleur être humain que lui. Je lui ai dit qu’il devait se focaliser sur le maintien du club et qu’il ne devait pas dépenser de l’énergie alors qu’il en avait déjà perdu suffisamment pour régler les problèmes internes.”
Votre licenciement, c’était une façon pour la direction de prévenir Mazzù que c’était le prochain sur la liste au vu de votre proximité ?
”Ça a traversé mon esprit. Quand on est licencié, on pense à beaucoup de choses. À ce moment-là, Felice perd quelqu’un en qui il a confiance. Il avait déjà énormément de travail et il fallait continuer à le poursuivre avec un homme en moins.”
2. Felice Mazzù aurait aussi sauvé le club en playdowns
”Oui, on aurait sauvé le club en playdowns. J’entends que Charleroi développe un football extraordinaire. J’avoue que je n’ai pas regardé leurs rencontres car je préfère me ressourcer pour le moment mais les résultats actuels, ce sont des prestations que l’on aurait pu faire. On a aussi battu Eupen à domicile et nous avions gagné face au RWDM à domicile. C’est une superbe performance pour De Mil de battre Courtrai là-bas dans le Felice time mais les résultats ne sont pas extraordinairement différents.”
Les résultats de De Mil ne sont pas extraordinairement différents.
À Gand, les joueurs n’ont-ils pas tout simplement lâché le coach ?
”Par contre, j’étais devant ma télé ce jour-là. Ça doit être 0-3 pour Charleroi avant l’ouverture du score gantoise. Pendant ces 20 premières minutes, personne ne disait que le groupe n’était plus derrière lui.”
Quelle ambiance y avait-il dans le staff ?
”Felice a des qualités techniques, tactiques et humaines hors du commun. On formait une équipe soudée avec Frank, Rudi, Cédric et James (Dickinson, le préparateur physique). L’ensemble du staff était aussi derrière Felice. Je suis persuadé que l’on y serait arrivé.”
3. Avec un autre mercato estival, Charleroi n’en serait pas là
”C’est trop facile d’invoquer le mercato. Si on fait ça, on cible ceux qui sont arrivés. Or, Dabbagh, Dragsnes ou Rogelj possèdent des qualités. Je pointe plutôt le déséquilibre du noyau. Ce fut le vrai problème en plus d’avoir perdu la plupart des joueurs qui apportaient de la profondeur comme Tchatchoua ou Bayo”.
Quand est-ce que vous sentez que la saison sera compliquée ?
”On a vu tout de suite qu’on manquait de profondeur et que le noyau n’était pas à la hauteur pour atteindre le top 6, l’objectif initial. Et les blessures de Mbenza, le seul dans l’effectif qui pouvait apporter cette profondeur, n’ont pas aidé. On a aussi manqué de rigueur dans nos 16 mètres et dans les 16 mètres de l’adversaire”.
Pourquoi n’avez-vous pas réclamé un attaquant cet hiver ?
”Il ne suffit pas de demander un 9 ou un arrière de qualité quand on a 7 défenseurs centraux pour 3 places et que l’on a 5 attaquants de pointe. La première chose qui aurait dû être accomplie, c’est que la direction aille voir les joueurs sur qui elle ne comptait plus en leur donnant des vraies explications.”
La direction aurait dû aller voir les joueurs sur qui elle ne comptait plus en leur donnant des vraies explications.
Cette abondance de bien a créé des frustrations dans le groupe ?
”C’est difficile de donner une explication valable à quelqu’un qui est titulaire le samedi et qui se retrouve en tribune la semaine suivante car il n’y a pas assez de Belges sur la feuille de match. Quand les joueurs ne comprenaient pas cette logique, on a perdu du crédit.”